Créer l’inattendu, surprendre le spectateur et basculer dans l’absurde, ce ne sont malheureusement pas des choses que l’ont retrouvent souvent au cinéma. Quentin Dupieux (Mr Oizo de son nom de scène) est une exception et il en a même fait sa marque de fabrique.
Dès son premier film (Non-Film en 2001) il annonce la couleur en jouant avec les codes du cinéma et en foutant tout en l’aire avec une histoire de film dans le film dans le film dans le.... enfin, jugez plutôt par vous-même, ce "non-film" est en intégralité juste ci-dessous. (et tout ceci est légal).
Six ans plus tard il y ajoute le duo Eric & Ramzy et accouche de Steak, un film bien barré avec un univers à la limite de l’hermétisme. Très froid et fou mais avec déjà quelques fulgurances absurdes qui feront toute la jouissance cinéphilique de Rubber et son histoire de pneu serial-killer et télékinésiste. C’est d’ailleurs avec ce dernier que Quentin Dupieux peaufine son univers en poussant l’absurde à son paroxysme avec son fameux (et fumant) concept de "no reason". C’est aussi avec Rubber qu’il rencontre un succès public et critique et qu’il fait la rencontre avec le 5D (l’appareil photo "miracle" de canon).
En 2012, Mr Oizo , toujours décidé à remettre l’absurde au goût du jour, lâche dans les salles obscures WRONG (5 septembre). Personnellement je suis assez "fan" de son travail et j’attendais avec une frétillante impatience ce nouvel épisode du non-sens. Grâce au Champs-Élysées film festival j’ai pu combler mon attente plus rapidement que prévu avec une avant-première le 8 juin dernier.
Là, c’est maintenant le moment où je vais vous parler du film après une introduction de 3 plombes. En plus en écrivant ça, j’en ajoute encore un peu histoire de bien vous faire mariner.
Pour moi, le résultat est là et comble largement les attentes. C’est radicalement décalé, fou, absurde et joyeusement autiste. L’image est superbe (il a visiblement adopté le 5D) et son sens du cadre est implacable. C’est parfois à la limite du grotesque mais aussi du pathétique et, oh surprise, souvent poétique ! Cette histoire d’enquête mystérieuse sur la disparition du chien du personnage principal vous déroutera sans aucun doute tout autant qu’elle vous fascinera ! Les multiples rebondissements extravagants et les fausses pistes vous embarqueront dans "l’univers-trip" de Quentin Dupieux et vous ne pourrez qu’en redemander une fois le film terminé. Une nouvelle fois, il s’amuse des codes du septième art pour les retourner et tenter ce que personne n’ose, tout renverser en se moquant des clichés ! Le petit bémol à tout ça est peut-être la narration qui est foutrement chaotique (même si elle retombe sur ses pattes), c’est un bordel sans nom et ça ressemble plus à une succession de sketchs qu’à un véritable film. Mais à chaque fois qu’une scène commence à trainer en longueur elle est rattrapée in-extremis par une autre, toujours plus drôle et absurde que la précédente. Mr Oizo semble ainsi sauver plusieurs fois de suite son métrage du vide.
Un jardinier d’un autre monde, une standardiste un brin accro au mariage, un gourou expert en enlèvement de chien, un voisin jogger qui ne fait pas de jogging et un personnage principal qui travaille dans un bureau ou il pleut tout le temps, l’univers de Quentin est fou et passionnant et tout n’est pas aussi naïf qu’il n’y paraît.
Avec WRONG, Quentien Dupieux persiste et signe son décalage absurde et même si c’est moins percutant que Rubber , il gagne en poésie en peaufinant avec talent son univers.
Ma note : 3 chiens + 1 jardinier sur 5 détectives.